©Silvi Liiva
oui en lisière d’une forêt
couchée par les tempêtes
où quelques survivants percent les colonnes végétales gisantes
pour prendre la lumière
cette lumière-là
sans laquelle rien ne se peut sans mal
rien ne pousse assez fort
pour faire feuilles et fruits
sans laquelle rien ne mène à ce moment attendu
où feuilles et fruits seront perdus
laissés à d’autres
détruits par ceux-là dans un but de poursuite
en lisière d’une forêt
couchée par le vent soucieux que tu la vois
comme la dernière
comme la première
la seule
l’ultime
enfin il n’en sait rien
il agit comme vent agit
selon l’ordre cosmique
où chacun dépend d’un autre
d’un inconnu
qu’aucun ne sait nommer
n’a même jamais vu
ne cherche pas à voir
mais tous brûlent de ce désir
car seul celui-là
l’inconnu
les mettra en mouvement
tempérera leur angoisse du vide
un parmi tous
dans les songes du vent
la forêt est debout
mouillée aux cuisses par le ciel
car le ciel touche l’humus
c’est même là qu’il débute
ou bien qu’il se cogne
car la Terre est un obstacle
peut-être
Illustration © Silvi Liiva, In The Winds II, 1991, gravure.
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