
J’attendais, j’espérais. J’espérais si fort que c’était comme si tu m’avais aimée. Sinon comment l’aurais-je supporté? Il n’y a que les fous qui se contentent d’attendre.
"Je ne fais pas partie du mouvement de la rue, puisque je le contemple." Virginia Woolf

J’attendais, j’espérais. J’espérais si fort que c’était comme si tu m’avais aimée. Sinon comment l’aurais-je supporté? Il n’y a que les fous qui se contentent d’attendre.

A Stamps, la ségrégation était si totale que la plupart des enfants noirs ne savaient pas, en vérité, à quoi ressemblaient exactement les Blancs. Excepté qu’ils étaient différents, et qu’il fallait avoir peur d’eux, et cette peur traduisait aussi l’hostilité des faibles contre les puissants, des pauvres contre les riches, des travailleurs contre les patrons et des mal habillés contre les bien vêtus.

Une chose seulement est vraie: je n’aime vraiment pas la compagnie des adultes, des grandes personnes, je l’ai remarqué depuis longtemps; je ne l’aime pas parce que je ne sais pas être avec eux.

Dans le monde qui était le leur, il était presque de règle de désirer toujours plus qu’on ne peut acquérir.

Pour moi, ma mère avait toujours existé et je n’avais jamais sérieusement pensé que je la verrais disparaître un jour, bientôt. Sa fin se situait, comme sa naissance, dans un temps mythique. Quand je me disais: elle a l’âge de mourir, c’était des mots vides, comme tant de mots. Pour la première fois, j’apercevais en elle un cadavre en sursis.

Perry dit : « Est-ce que j’ai des regrets ? Si c’est ce que tu veux dire, non. Je ne ressens rien . Je voudrais bien. Mais ça me laisse complétement froid. Une demi-heure après que ce soit arrivé, Dick blaguait et moi, je riais. Peut-être qu’on n’est pas humains. J’suis assez humain pour m’apitoyer sur moi-même. Je regrette de ne pas pouvoir sortir d’ici qu’en tu t’en iras. Mais c’est tout.

Quatre-vingt-dix pour cent de ton œuvre littéraire est contenue dans ce seul après-midi, un peu comme l’énergie nucléaire est compressée dans une bombe atomique. S’ensuivra une longue, lente, et silencieuse explosion de mots, avec d’infinies tombées radioactives.

Et le temps de la vie s’échelonne en « âge de », faire sa communion et recevoir une montre, avoir la première permanente pour les filles, le premier costume pour les garçons avoir ses règles et le droit de porter des bas, l’âge de boire du vin aux repas de famille, d’avoir droit à une cigarette, de rester quand se racontent des histoires lestes de travailler et d’aller au bal, de « fréquenter »,de faire son régiment de voir des films légers l’âge de se marier et d’avoir des enfants de s’habiller avec du noir de ne plus travailler de mourir. Ici rien ne se pense, tout s’accomplit.

Si la voix d’une femme qui raconte des histoires a le pouvoir de mettre des enfants au monde, il est vrai aussi qu’un enfant peut donner vie à des contes. On dit qu’un homme deviendrait fou s’il ne pouvait rêver la nuit. De même, si on ne permet pas à un enfant de pénétrer dans l’imaginaire, il ne pourra jamais affronter le réel.

Oh, certes, elle avait froid et mal dans chaque parcelle de son corps, mais elle réfléchissait avec une telle intensité qu’elle pouvait oublier le froid et la douleur, de sorte que lorsqu’elle revoyait les visages de sa grand-mère et de son mari, deux êtres qui s’étaient montrés bons pour elle et l’avaient confortée dans l’idée que sa vie, sa personne n’avaient pas moins de sens ni de prix que les leurs, et qu’elle se demandait si l’enfant qu’elle avait tant souhaité d’avoir aurait pu l’empêcher de tomber dans une telle misère de situation, ce n’était là que pensées et non regrets car aussi bien elle ne déplorait pas son état présent, ne désirait à celui-ci substituer nul autre et se trouvait même d’une certaine façon ravie, non de souffrir mais de sa seule condition d’être humain traversant aussi bravement que possible des périls de toute nature.