Cheval de trait

©Taman Al-Akhal
écrire absolument
non plus absolument écrire
non plus tordre
ni frapper
ni creuser
un mot seul pour tout dire
comme vérité
que les mots ne sont pas assez
tous les mots
écrits
dits
les phrases dissoutes
dans les nuits et les jours
les mots au-dessus de ta tête
comme nuages menacés
par ta disparition
nuages menaçants menacés
par un mot-vent
mot-marée galopante
voilà tu imagines
cheval de marée
par sa patience rongé
jusqu’à la corne
cheval blanc de marée noire
traçant toujours la même phrase
puis toujours le même mot
assez assez
s’imagine
tirant le mot par ses extrémités
pour n’en faire qu’un trait


Illustration du texte ©Taman Al-Akhal "Horses in Paradise", vers 1990-1999, peinture.

Écriture en forme de clou

© Zoe Leonard
Je n’ai pas entendu ma voix
il aurait pourtant fallu que je l’entende
que je la reconnaisse
qu’elle ne me semble pas si étrange
étrangère

des mots tombaient de ma bouche 
en me cassant les dents
les os cunéiformes de mes pieds

mes yeux me montraient tout
qui ont violé ma bouche 
avant qu’elle ne se scelle

je ne suis pas qui je devrais être
je suis autre

l’autre
enfermée



Illustration du texte Zoe Leonard, "Wall", 2002, épreuve gélatino-argentique. © Zoe Leonard

Contre les murs

"Les linges". © Gabrielle Segal
Enfermée dans la douceur
Pas la vraie
Pas la mienne
À l'intérieur
Rage et jouissance et

Ravissement
Pour les paysages les écrits
Les êtres rêvés
À la longue
Dégoût du rêve
De ses sujets de ses objets
Mal formés
Puis enfin
La faim de nouveau
Le désir pour les rêves informes
Seule compagnie
Seule vérité
Dans l'espace restreint
Du corps enfermé dans la douceur
Pas la vraie
Pas la mienne
La mienne
Capable de disparaître
Capable de se renier
Et de frapper et de mordre et de lécher
La mienne toute entière contenue
dans l'air les liquides
Le silence
Qui fait le bruit et la fureur
De toutes les tempêtes


Toile "Les linges" © Gabrielle Segal

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