©Germaine Krull
j’ai la certitude que là-bas c’est ici
que la distance est
amoindrie par ton pied qui foule le passé
j’ai la certitude que l’empreinte de tes pas laissée sur le chemin
est comme présent sous toutes ses définitions
de mon bord je sens bondir ton existence
celle-là parmi toutes les autres
le monde que je recalcule à l’ère de ta danse
j’entends par les lèvres de ton effort
s’échapper toutes les sortes de cris
toutes les sortes d’écritures
et de souffles
même ceux solitaires
qui pourraient être miens
ils ne se perdent pas dans la solitude
mais vont comme un regain d’oxygène
faciliter ta lutte
nourrir tes muscles endoloris
ta course fait aller la terre plus vite
vers moi qui ne me montre pas
en corps
j’ai la certitude que tu reviendras à l’aube
la même aube que lorsque tu es partie
celle-là n’aura rien cédé au spleen
qui a la sale manie d'engrisailler le jour
Photographie Germaine Krull, Nu féminin, 1928, tirage gélatino-argentique. Centre Pompidou. © Estate Germaine Krull/ Museum Folkwang.