Ostriconi

© Colette Richarme
le vent fort poussait la nuit au large

nous venions du large
puis marchions sur le rivage
puis dans le désert

nos pas laissaient des traces sur la pierre
j’aimais penser
des traces d’intempéries séculaires
j’aimais penser
les oliviers s’inclinent sous notre souffle
mais regrettais cette pensée
nous étions regardées
autant que nous regardions
nous étions respirées autant que nous respirions

on ne pouvait craindre un désert qui va jusqu’à la mer
on pouvait craindre que nos jambes ne nous y portent pas
mais nos jambes comptaient aller beaucoup plus loin
durant notre sommeil elles s’emmêlaient
je ne savais plus qui des tiennes ou des miennes
décidaient du prochain voyage

l’onde de l’Ostriconi n’était pas encore mienne
pas encore à pouvoir se donner
à vouloir me prendre


non ma patience n’était pas patience
la nage en eaux sages pouvait attendre
que l’amour se bâtisse
tout ce bois flotté répandu sur la grève
plus qu’il n’en fallait
pour les murs et le feu



Illustration du texte : Colette Richarme, Vagues, 1988, gouache, 36 × 50 cm, Collection particulière, © Colette Richarme’s Estate

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