Sŏrōrĭo

Crédit photo CF 2019
Femme aux poches pleines de planètes
Va
Jette-les toutes dans l’océan
Regarde-les couler
Percées rouges
Percées noires
Ou bien
Fais-les rouler
Dévaler la colline
Et puis regrette ton geste
Toute femme regrette
Rattrape-les
Cours au-devant d’elles
Cours plus vite que les planètes
Se faisant tu perdras ce que toute femme perd
Tout
Tu perdras tout
Aussi
Déleste-toi
Des paroles
Des tissus
Du temps
Regarde les planètes chuter
Dans les bouches d’égout
Les failles
Les fentes
Regarde-les se faire broyer
Par l’inventeur de la roue
Femme aux poches pleines de planètes
Cours pour rien
Quand tu n’auras plus rien
Cours vite
Dévale la colline et crie
Fort et sans t’arrêter
Et rit de la même manière
La nature aime la danse
Le vide
Et les sons

Femme aux poches pleines de terre
Verse-la sous la plante de tes pieds
Et regarde éclore tes premières fleurs

24 commentaires sur “Sŏrōrĭo

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  1. Vous devez venir d’une autre galaxie…Pour moi, chaque femme en est une, qui « jettent leurs planètes et perdent tout »…
    sauf leurs places dans mon coeur mais elles n’en ont cure…
    Si je trouve une planète qu’une femme aura jeté, je la garde…

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      1. Sans doute parce qu’en femme, je me sens d’abord esprit plutôt que femme. Esprit de femme, esprit d’homme. Votre poème quelque peu déchirant peut être lu universellement. Alors spontanément, j’ai questionné : pourquoi femme, pourquoi uniquement femme.

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      2. Au fond,sprituellement, je ne me sens pas plus « genrée »que vous. Je mets le mot entre parenthèse, car je ne l’aime pas beaucoup. Alors pourquoi « la femme », et bien, le poème parle plus de sa condition . Il interroge également sur l’éclosion de la femme, qui, a mon sens, n’a pas eu lieu. Cette femme qui naîtrait d’elle-même…Et qui ne serait plus mise au monde par invention. Mais votre reflexion est juste, tout être qui ne se sent pas à sa place dans ce monde, qu’il soit homme ou femme, est tel une femme.
        Mais la discussion est ouverte…
        Quoi qu’il en soit merci de vos précisions qui me font réfléchir.

        Aimé par 4 personnes

  2. La force, l’abandon à la puissance secrète de la vie pleine et de la vie intérieure, la liberté jusqu’au-boutiste, et même jusqu’à la folie ; une ode à la vitalité, à la prise de risque ultime pour vivre en « sur-dimension » , voilà ce que m’a inspiré votre magnifique texte . belle soirée Gabrielle

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  3. J’aime beaucoup cette nature entière de la femme qui s’exprime tout au long de ce poème.
    Des mots qui soulèvent…qui invitent à se connecter aux forces de la vie universelle.
    Ne pas s’arrêter…Prendre des risques.
    Je souligne :  » Femme aux poches pleines de terre,Verse-la sous la plante de tes pieds
    Et regarde éclore tes premières fleurs.  » …..Un magnifique appel à l’abandon …

    Merci Gabrielle
    Mes amitiés
    Manouchka

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  4. Un abandon presque sauvage, une sensibilité qui s’offre et pourrait devenir voix ou cri, une passion de fragilité, de puissance et de larmes…un appel, un toucher, un frémissement de mots à naître et que sais-je encore de tout ce qui me touche dans ce regard et ce visage de fraîcheur et de feu.

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