La peau aimée du texte bu à la fontaine du vieux village absent

©Jane Poupelet
tu as toujours peur de ne plus savoir
parce que tu sais que tu n’as jamais su
au jour quand tu t’assois là
attendant que le texte vienne en toi
qu’est-ce que tu entends 
un brouhaha de pensées folles
de pensées dansantes
indisciplinées
noctambules
qui refusent les chaînes
la sentence
le point du jour
qui te refusent toi
les pensées brouillent ton esprit
de questions insolubles
elles demandent 
quand tu écris où es-tu 
elles disent 
le poème ma vieille c’est la mort
elles demandent encore
quand tu penses où vas-tu

au jour tu donnes à mordre à leur rage carnassière
toute la surface de ta peau
il n’y a que lorsqu’elles s’acharnent sur toi
que tu  peux saisir leurs forces et leurs faiblesses

quand tu écris tu es 
dans leurs dents qui te mordent
tu es dans la blessure

aussi dans le corps de l’autre

là tu ne vas rien bousculer 
rien ne va te bousculer

là tes pensées se taisent
seul murmure 
le flux continu de la fontaine 
du vieux village absent
à la bouche de laquelle 
l’autre apaise sa soif


Illustration du texte ©Jane Poupelet, Étude de femme nue assise, 1924, craie sur papier japonais. ©The Met Collection

6 commentaires sur “La peau aimée du texte bu à la fontaine du vieux village absent

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